vendredi 5 octobre 2007

Allô la France, bonjour l'Afrique!



A la dernière fête de l'Humanité, un projet de radio panafricaine émettant, depuis la France, sur les ondes du continent, a été expérimenté. Récit de l'aventure d'"Afrik en ondes".


Pendant trois jours et une douzaine d’heures d’émission, la radio « Afrik en ondes » a rempli sa mission : « permettre un dialogue Sud-Sud à partir d’un pays du Nord ». Grâce à un réseau de radios partenaires dans toute l’Afrique de l’Ouest ainsi qu’en Afrique centrale, la diaspora africaine et différents acteurs politiques ont pu s’adresser directement aux auditeurs africains. Et la voix de l’Afrique s’est exprimée, en retour, à travers l’intervention de journalistes locaux dans les débats tenus depuis Paris [1].

L’idée de ce projet est née de la rencontre de deux hommes. Jean-Paul Vanhoove, créateur de l’Agenda des Actions Africaines en Région Parisienne (et conseillé municipal PCF), cherchait depuis longtemps un moyen de renforcer l’accès médiatique de la diaspora africaine en France. Il s’était rapproché de l’Association de la Presse Panafricaine (APPA), et le projet de monter un stand Médias Africains lors de la prochaine Fête de l’Humanité, qui allait de manière propice être dédiée au continent, était en train de se construire. Puis, vint l’homme de radio, qui apporte sa pierre à l’édifice. Freddy Mulungo, fondateur de Réveil FM, première radio communautaire de Kinshasa, propose tout de suite d’investir les ondes pour jeter un pont entre la diaspora et les africains du continent.

Ce journaliste indépendant, qui a subi de nombreuses intimidations dans son pays, a trouvé refuge en France en mars 2007. « Avec les élections au Congo, les menaces étaient devenues insoutenables, j’ai préféré partir. Comme on dit : "Mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort". A peine arrivé, Freddy trouve avec ce projet le moyen de continuer à faire son travail, qu’il considère plutôt comme son devoir : informer. « Je pense que les Africains de la diaspora doivent absolument prendre des initiatives dans le domaine médiatique, insiste-t-il. Il faut multiplier les actions, notamment sur Internet. La diaspora africaine, celle qui milite dans les associations, regorge une mine d'experts capables d'expliquer et proposer les solutions adéquates pour une Afrique debout. »

Ainsi, l’implication de plusieurs organisations de la diaspora était un préalable évident et indispensable pour les instigateurs d’Afrik en Ondes. « On a voulu qu’Afrik en Ondes soit un média pluraliste, citoyen, un cadre fédérateur de toutes les sensibilités africaines. A travers les intervenants, des points de vue divers ont pu s’exprimer. On a insisté sur l’importance d’un débat respectueux, non violent : la radio n’est pas une arme ni une tribune où les gens viennent rendre des comptes. Ce genre d’utilisation ne mène à rien, il faut rester responsable et ouvert. »

Pont entre l’Afrique et sa diaspora, mise en commun d’expériences et d’opinions, Freddy Mulungo se réjouit qu’Afrik en Ondes puisse « faire vivre un panafricanisme de peuples, bien plus essentiel à son sens que le panafricanisme institutionnel. » L’expérience fut plutôt satisfaisante sur ce point : la discussion a bien eu lieu, et tous les partenaires et intervenants ont contribué, ensemble, à donner corps au projet. Aux radios associatives d’Afrique qui ont diffusé les émissions sur leur fréquence, Freddy va faire part de envie de maintenir que ce réseau actif. Il espère pouvoir installer un dialogue durable à travers un rendez-vous hebdomadaire.

Caroline Hocquard

Photo: Christiane Taubira et Aminata Traoré sur la plateau d'Afrik en Ondes


[1] Suzanne Kalalobé, radio Equinoxe au Cameroun.
Fatou Dyé, radio Sud FM au Sénégal.

M. Dzimas, du journal Forum de la Semaine au Togo.




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